Quelques heures après l’annonce faite par le Conseil de l’Ordre concernant la suspension pour une durée de six mois de Maître Justin Taty, de nouvelles informations ont été révélées quant au motif de cette décision disciplinaire. Selon un extrait de délibération daté du 4 avril dernier, l’avocat expérimenté aurait élaboré un projet de scission du barreau national, en violation de la loi du 7 janvier 2015.
Des tensions palpables
Les tensions étaient déjà palpables entre Maître Raymond Obame Sima, Bâtonnier actuel, et ses prédécesseurs, qui semblent nostalgiques de l’époque où ils dirigeaient la corporation. Toutefois, personne ne s’attendait à ce que Maître Justin Taty aille à de telles extrémités. Convoqué par le Conseil de l’Ordre des avocats lors d’une réunion tenue le mardi 4 avril 2023, Maître Taty n’aurait pas répondu à cette convocation.
D’après l’extrait de la délibération, les représentants élus de la corporation ont unanimement décidé de sanctionner l’avocat, accusé d’avoir enfreint la réglementation en vigueur à des fins personnelles. Il s’agirait d’un projet visant à diviser le barreau en deux groupes, dont l’un aurait été dirigé par le clan auquel appartient Maître Taty, en dépit de l’absence de légitimité.
Des velléités séparatistes
Ces velléités séparatistes ont heurté l’ensemble des avocats, qui considèrent cela comme « un acte extrêmement grave qui va à l’encontre des dispositions de l’article 3 de la loi du 7 janvier 2015 fixant les conditions d’exercice de la profession d’avocat ». Ils estiment que cet acte « constitue un trouble à l’ordre public, nuit à l’honorabilité de la profession et porte atteinte aux intérêts des justiciables ».
En plus de la suspension provisoire de Maître Justin Taty pour une durée de six mois, l’Ordre a décidé de placer son cabinet sous la gestion de deux de ses confrères désignés en tant qu’administrateurs provisoires. Ainsi, Maîtres Sylvère Denis Reteno N’diaye et Gilbert Erangah ont été nommés à cette fonction. Cet épisode malheureux met en lumière l’atmosphère tendue qui règne au sein du Barreau du Gabon.
Une sanction justifiée?
Selon des sources bien informées, Maître Justin Taty aurait saisi le Conseil d’État pour demander l’annulation de la décision du Conseil de l’Ordre des avocats. Un de ses confrères s’interroge : « Lui qui a été Bâtonnier et chantre de la déontologie, ignore-t-il que le refus de déférer à une convocation du Bâtonnier ou du Conseil de l’Ordre constitue une faute disciplinaire prévue par le règlement intérieur ? ». Au vu de la gravité des faits reprochés, la plus haute juridiction administrative devrait statuer en confirmant sa suspension.